Voilà donc avec un peu de retard - mais mes occupations du moment me prennent beaucoup aussi- la suite du feuilleton estival.

Maggie est donc venue passer 3 jours avec nous à Montpellier et...

nous l'avons d'abord laissé dormir : son planning en europe était des plus serré et son séjour chez nous a été ses seule vraies vacances, sans objectif "professionnel".

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Nous en avons profité quand même pour faire le point sur nos projets communs.

Entre2Mondes est au point mort pour le moment : la diminution importante du nombre des filles qui font de la couture ne permet pas de prendre de nouvelles commandes pour le moment.

 Doit-on s'en réjouir ou pas ? Plusieurs raisons à ça : les filles qui prennent le cursus couture/broderie sont celles qui sont le plus en echec scolaire. Or le gouvernement du Gujarat (BJP - équivalent de Droite Populaire ou FN) a choisi de faire un examen de rattrapage très facile qui permet à ces filles de passer au niveau supérieur. La démagogie est de tous les coins du globe. Et puis la religieuse qui est responsable du cursus passe pour très sévère. Enfin, les emplois qui existaient autrefois avec ce cursus diminuent. Donc ces jeunes filles sont celles qui se marient encore un peu tôt (15/16 ans). Il va sans dire que l'essentiel de ces mariages est arrangé, mais il y a parfois aussi des histoires d'amour. La jeune fille qui secondait l'atelier de couture est partie soudainement avec son amoureux. Ca n'a pas fait avancer les commandes  Verdict de la survie de l'association en Juin prochain, où le professeur va changer et nous verrons si cela a une influence sur le recrutement ou pas.

A propos de Codegaz, ça a été l'occasion de faire le point sur la fin du chantier et d'affiner les comptes.

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Et puis Maggie a pris le temps de nous raconter tout un tas de détails sur la vie des filles ! 

Par exemple, Codegaz sponsorise les études de 2 filles de Khoth à VCC. Quand cettte demande nous a été faite à Khoth, il était question de 2 filles méritantes, de familles pauvres, et qui sans ça n'auraient pas pu accéder à un niveau d'études supérieur. Bien sûr nous avons dit oui !

Là, Maggie nous en a dit plus : dans ce coin du Gujarat, ce ne sont pas des adivasi, tribus aborigènes où le statut de la femme est bien meilleur, mais des dalhits. Le mariage des enfants a lieu très tôt dans les familles hindouistes, particulièrement chez les intouchables. Les enfants restent dans leurs familles respectives jusqu'à l'âge du mariage (14/15 ans pour les filles) et bien sûr elles n'ont pas leur mot à dire... sauf si elles poursuivent leurs études. Mais sans argent, comment faire ? 

Pour les 2 filles dont il est question, en fait, les maris choisis n'étaient pas selon leurs voeux et cette proposition de prise en charge des études a été, en plus d'une possibilité de promotion sociale, un moyen de lutter contre ces mariages. Le rôle des religieuses est la tout en finesse et en diplomatie. La caution morale qu'elles représentent pour les parents, et l'aubaine d'une année de prise en charge pour leur fille, tout cela pèse dans le choix des parents... et sur les épaules des religieuses : il ne s'agit pas de faire une "contre-performance". Lors de notre prochaine mission, nous vous donnerons des nouvelles de ces 2 filles...

Le prochain billet nous ramènera à Old Delhi, sur les marches de la Jama Masjid. Autre religion, autre lieu, même réalité pour ces filles qui vivent dans la grande pauvreté. 


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